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CONFÉRENCE : « Des droits des enfants. Des enfants peuvent-ils faire la politique ? » Mercredi 20 novembre 2024, Centre culturel Boboto

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Mercredi 20 novembre 2024, Centre culturel Boboto

Chaque année, le 20 novembre, la Journée internationale des droits de l’enfant nous invite à tourner nos regards vers l’avenir, incarné par l’enfance. Célébrée depuis l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1989, cette journée est bien plus qu’une simple commémoration : elle est un appel à l’action pour garantir à chaque enfant un monde où règnent justice et dignité.

En ce 35e anniversaire, la question posée lors de notre rencontre au Collège Boboto revêt une pertinence particulière dans le contexte congolais : « Des droits des enfants. Les enfants peuvent-ils faire la politique ? ». Alors que la jeunesse du pays manifeste une conscience politique croissante, cette réflexion incite à examiner le rôle qu’elle pourrait jouer dans la construction d’un avenir plus juste, plus inclusif.

Pour éclairer cette thématique, nous avons eu l’honneur de recevoir, dans l’enceinte du Centre culturel Boboto, une figure de proue de la pensée africaine contemporaine : le Professeur Ngoma-Binda, philosophe et politologue de renom, professeur émérite de l’Université de Kinshasa. Auteur prolifique, il est le théoricien de la "philosophie inflexionnelle", une approche qui redéfinit les paradigmes de la réflexion éthique et politique. Inspiré par de grands penseurs congolais tels que Valentin Mudimbe et Tshamalenga Ntumba, il enrichit ses écrits d’une profondeur et d’une élégance inégalées.

Une conférence pensée comme un dialogue

Dès l’ouverture de cette rencontre, introduite par le Père Jean-Claude Bindanda, SJ, directeur des études, l’auditoire, composé d’élèves de la 1ère à la 4e année du cycle supérieur, a été invité à participer à ce "festin intellectuel". Fidèle à son approche pédagogique, le Professeur Ngoma-Binda a choisi de transformer son intervention en une conversation enrichissante, où chaque mot était une invitation à réfléchir.

Il a commencé par situer le cadre historique de cette journée, rappelant son lien avec des événements marquants, notamment le massacre des enfants de Soweto en 1976, une tragédie qui a bouleversé le monde et inspiré la création de la Journée de l’Enfant africain. Il a ensuite exploré les droits fondamentaux de l’enfant – droit à l’éducation, à la santé, à l’expression – en soulignant l’équilibre entre les droits et les devoirs.

Les enfants et la politique : une participation encadrée

La question centrale – « Les enfants peuvent-ils faire la politique ? » – a été abordée avec une rigueur analytique. Selon le conférencier, la réponse dépend de la maturité et de la capacité de discernement, des critères inscrits dans la Convention relative aux droits de l’enfant.

Il a ainsi distingué trois tranches d’enfance :

1. Petite enfance (1-6 ans)

2. Moyenne enfance (7-13 ans)

3. Grande enfance (14-17 ans)

Seuls les enfants de la "grande enfance" sont jugés aptes à participer à des activités politiques, mais sous une forme indirecte, adaptée à leur âge :

• Rédiger des pétitions ou des lettres de réclamation.

• Organiser des campagnes pacifiques ou des débats constructifs.

• Exprimer des critiques éclairées sur la gouvernance.

Loin d’une simple restriction, cette forme de participation est une manière d’initier les jeunes à leurs responsabilités citoyennes tout en les protégeant des dérives possibles.

Le testament moral du Professeur Ngoma Binda

En conclusion de son allocution, le Professeur Ngoma Binda a laissé aux élèves un vibrant appel à la grandeur, enracinée dans la science et la conscience morale. Ce testament, à la fois lumineux et exigeant, s'articule autour de trois axes essentiels :

1. Une politique comme service et non comme ruse

La vraie politique, a-t-il affirmé, est une vocation noble et non un champ de manœuvres égoïstes ou de stratégies machiavéliques. Elle doit être conçue comme un service désintéressé rendu à la communauté nationale, un instrument pour instaurer l’ordre, l’union, la paix et conduire le pays vers le développement, la prospérité et le respect sur la scène internationale.

2. Un comportement guidé par les valeurs éthiques

S’appuyant sur les sages enseignements bibliques – « Ne volez point », « Ne tuez point », « Ne convoitez point les biens d’autrui » – il a insisté sur l’intégrité indispensable à l’exercice du pouvoir. Ainsi, les futurs citoyens devront :

o Ne jamais détourner les biens publics ou priver autrui de ses droits légitimes.

o Renoncer à toute forme de violence, qu’elle soit physique ou morale.

o Traiter autrui avec équité et respect, en évitant les abus de pouvoir ou les injustices sociales.

3. Rompre avec les travers des générations précédentes

Avec une lucidité sans détour, le professeur a mis en garde contre les erreurs des générations passées, souvent marquées par la corruption et le mépris du bien commun. « Quand vous serez grands, ne faites pas comme vos pères et grands-pères », a-t-il exhorté, rappelant que ces pratiques mènent à la honte, à la ruine et parfois même à la prison. Il a appelé à fonder toutes les actions sur l’honnêteté, la justice, le respect du bien commun et la recherche du bien-être collectif.

Un appel à la responsabilité et à l'excellence

Par ces paroles, le Professeur Ngoma-Binda a offert aux élèves une boussole morale pour leur avenir, les invitant à devenir les artisans d’un Congo nouveau : un pays où la politique serait enfin synonyme de service, de transparence et de justice. Commencée à 11h30, la conférence a pris fin à 13h00 à la grande satisfaction des élèves.

       Landry KUMA-KUMA MOUSA, SJ

 

 

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