CONFERENCE DU 30 OCTOBRE 2023 AU CCB
THEME : Monnaie, politique monétaire et comportement actuel du franc congolais dans l’économie. A l’heure des monnaies alternatives
Il est 11h10 au collège Boboto. Les cours s’arrêtent pour les élèves de la section commerciale et gestion ainsi que ceux de 3ème et 4ème toutes sections confondues. Ils se dirigent au Centre Culturel Boboto pour un banquet scientifique. Mise en place terminée, le modérateur, Landry Kuma-Kuma, SJ, chargé des parascolaires, confie l’événement au Seigneur et présente le conférencier. Il s’agit du Père Norbert-Vital MUSENGA Kalanda, SJ. Le conférencier est un passionné des questions économiques. Détenteur d’une licence en économie monétaire et internationale de l’Université de Kinshasa et d’un Master en théologie orientée sur l’éthique monétaire et financière. Il est actuellement doctorant en économie des matières premières à l’Université Sorbonne en France. C’est lui qui nourrit l’assemblée réunie au CCB.
En effet, hier comme aujourd’hui, les Congolais s’interrogent sur le Franc congolais, ses fluctuations et ses conséquences socio-économiques dans le pays. D’autres encore se questionnent sur le rapport que le Franc congolais entretient avec le dollar, l’euro, le yen, le yuan... Autant des questions qui taraudent l’esprit et qui ont prévalu dans le choix de la thématique de la conférence : « Monnaie, politique monétaire et comportement actuel du franc congolais dans l’économie. A l’heure des monnaies alternatives ».
Dans un premier temps, il aborde la question de la monnaie en procédant par une clarification conceptuelle, en énumérant les fonctions monétaires, les formes de la monnaie et son importance dans l’économie. L’on peut retenir que la monnaie est tout instrument, tout objet doté d’un pouvoir libératoire dans les transactions et reconnu comme tel par une société donnée. A ce titre, la monnaie est importante, puisqu’elle facilite le déroulement harmonieux et à faible coût des transactions dans l’économie. La monnaie remplit trois fonctions, à savoir l’unité des comptes, le moyen de paiement et l’étalon ou la réserve de valeur. La dernière mettant l’accent sur le fait que la monnaie devra préserver sa valeur dans le temps, c’est-à-dire son pouvoir d’achat entre le moment de l’acquisition d’une unité et le temps de la dépense de celle-ci. Pour notre conférencier, « la monnaie joue donc le rôle de lubrifiant de l’économie. Comme l’huile dans le moteur, elle permet de faire fonctionner le moteur. »
Dans le deuxième point, le conférencier s’est attelé à l’institut d’émission de la monnaie c’est-à-dire qui met les monétaires à la disposition de la société d’un pays ou d’une zone monétaire. Pour la RD Congo, il s’agit en l’occurrence de la Banque centrale du Congo (BCC). Après avoir brossé l’historique de la BCC, le jésuite congolais a montré que la BCC est chargée de la mise en œuvre de la politique monétaire dont l’objectif principal est d’assurer la stabilité des prix ou la lutte contre l’inflation. Est-ce que la politique monétaire menée par BCC joue-t-elle réellement son rôle dans la lutte contre l’inflation ? Ce fut la grande préoccupation des élèves.
Cette question des élèves nous a introduit au dernier point de la conférence axée sur la politique monétaire. Le doctorant de la Sorbonne estime que pour assurer la stabilité monétaire, il faut deux éléments : une banque centrale et une politique monétaire qui vise au fait la stabilité monétaire en s’appuyant sur un niveau de crédit et un taux de change. En outre, il a évoqué et expliqué les phénomènes monétaires d’inflation et de déflation de la monnaie. La déflation est la contraction du niveau des prix dans l’économie alors que l’inflation est la hausse généralisée des niveaux des prix dans l’économie. Ces phénomènes sont l’un et l’autre nocifs pour l’économie. Quant au comportement du Franc congolais dans l’économie caractérisée par la dépréciation de la monnaie et une économie chancelante.
Cette situation d’instabilité entraîne deux conséquences majeures. D’une part, la dollarisation et d’autre part, la perte du pouvoir d’achat de la monnaie. La baisse du pouvoir d’achat de la monnaie entraine les inégalités sociales et la pauvreté des couches les plus vulnérables de la société. La dollarisation entraine la marginalisation des signes monétaires du pays dans les transactions économiques. Que faire pour dédollariser, telle fut la grande question posée par les élèves lors des séances de questions. Pour notre conférencier, d’abord il faudrait produire localement, augmenter cette production locale pour limiter le recours à l’importation et puis, l’Etat devrait exiger l’utilisation de la monnaie locale dans l’économie en garantissant la stabilité de son taux de change.
En définitive, la question de la monnaie est au cœur de la vie en société ; elle mérite d’être pansée par la pensée.
Le doctorant de la Sorbonne a fini sa conférence avec cet aphorisme : « A la jeunesse de mon pays, celle de la RDC. Sachez que le ressentiment, la haine et la vengeance ne sont pas un projet de société. Apprenez à vous battre en étant conscient que l’ennemi le plus dangereux en face de nous c’est l’ignorance. Par devoir, combattez-la avec la dernière énergie. Devenez des hommes et des femmes à la fois compétents (es) et capables. La capacité aidant à faire aboutir des projets pour impacter positivement notre société. Si on n’y arrive pas, l’histoire ne nous le pardonnera pas. » Commencée à 11h25, la conférence a pris fin à 12h50 à la grande satisfaction des élèves qui ont continué après la conférence à poser des questions au conférencier.
Landry Kuma- Kuma SJ
En régence au collège Boboto