THEME : « la démocratie en Afrique à l’épreuve des coups d’Etat »
Le premier point aborde la question des coups d’Etat en Afrique : Dénégation des valeurs démocratiques. L’orateur dans ce point met en exergue les valeurs et les fondements de toute démocratie. S’appuyant sur la constitution de la RDC en son article 5, il définit la démocratie comme « le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ». Il s’agit, en effet, d’un mode de gouvernance dans lequel la souveraineté est attribuée aux citoyens/peuple qui l'exercent de façon directe notamment à travers le vote des gouvernants et à travers le référendum. Au niveau institutionnel, en tant que représentation du peuple, cette souveraineté est exercée, entre autres par le parlement.
Pour notre conférencier, si la démocratie tend à donner toute sa valeur aux libertés individuelles et publiques, la dictature a plutôt tendance à restreindre ou même à interdire l’exercice de ces libertés, de promouvoir la pensée unique au détriment de toute pluralité et de disposer d’un pouvoir judiciaire qui est uniquement dédié à la répression de la pensée contraire et de toute critique. Parmi les fondements de la démocratie, le conférencier en énumère quelques-uns : le pluralisme politique, la consécration de l’opposition politique, la liberté d’expression et la liberté de la presse.
Le deuxième point de la conférence retrace un bref aperçu des coups d’Etat en Afrique. Il sied de souligner que plusieurs pays africains (de l’Afrique noire, faut-il préciser) sont actuellement en proie à l’instabilité politique et institutionnelle due au recours, de plus en plus récurrent, aux coups d’Etat comme modalité d’accès au pouvoir d’Etat. Avant la fin de l’année 2023, un total de sept pays africains de l’Afrique subsaharienne a connu chacun un coup d'état par des juntes militaires qui se sont désormais installées au pouvoir et qui l’exercent au mépris des principes démocratiques.
Si quelques penseurs estiment que ces coups d’états s’inscrivent dans un schéma d’auto-libération contre le paternalisme colonial qui freine l’autonomie d’anciennes colonies européennes, d’autres estiment plutôt que ces coups d'Etat sont à inscrire dans le contexte d'une lutte d'influence plus large entre l'Occident et la Russie sur le sol africain. C’est dans cette dernière acception que s’inscrivent ceux qui ont parlé de la montée du « sentiment anti-français » et de la « montée en puissance » d’un certain attachement aux interventions russes en Afrique. Dans ces pays à démocratie controversée, la justice, les droits humains, les libertés individuelles et les libertés publiques n’occupent quasiment aucune place dans les politiques publiques. La tendance à la pensée unique, souvent le tribalisme, la brimade de toute liberté de critique, notamment au détriment des médias indépendants et des organisations de la société civile, y sont légion.
Au regard de ce qui a été souligné en supra, la grande question fut celle de savoir existe-t-il encore pour les jeunes des raisons d’espérer ?
Le conférencier dans son exposé se montre optimiste et estime qu’il y a encore lieu de croire en la démocratie en Afrique, notamment au regard des promesses et aux espérances continuellement trahies ». Ceci a constitué le deuxième point.
Dans le troisième point, il était question de savoir la voie idoine pour la libération et l’émancipation effective de l’Afrique. La réponse est qu’il existe plusieurs voies de sortie dont les plus essentielles passent par l’élaboration et la mise en œuvre des réformes structurelles au sein de ces Etats qui sont actuellement en proie aux dictatures. Il en propose quelques-unes :
Une de première réforme devra être l’adaptation de l’enseignement et de la formation des jeunes aux besoins spécifiques des Etats. Pour le conférencier, une jeunesse éclairée constitue, en effet, un véritable rempart d’une gouvernance de qualité et cela à double titre : elle sera à même d’assurer une participation citoyenne active et de qualité, et elle constituera un bon creuset de main d’œuvre y compris dans tous les secteurs de la gouvernance du pays, si elle est bien formée et bien encadrée.
L’engagement politique des jeunes bien formés, notamment dans les partis politiques, pourrait les aider à disposer, bientôt, des notions fondamentales ainsi que des principes sur la base desquels fonctionnent les Etats démocratiques ainsi que la manière avec laquelle il est universellement admis d’accéder aux pouvoirs d’Etat. Aussi, les réformes institutionnelles, doivent aller de pair avec le changement de mentalité et la reforme morale pour assurer la grandeur de l’Afrique.
En outre la séance question fut houleuse. Certains élèves ont estimé que la démocratie était un piège pour l’Afrique, d’autres ont proposé une dictature éclairée pour la révolution de l’Afrique, certains encore ont fustigé le mimétisme institutionnel et politique des pays africains face à leur impréparation à adopter et à faire optimalement fonctionner la démocratie. En fait , d’aucuns ont estimé que la démocratie en Afrique est souvent réduite aux élections (lorsqu’elles réussissent) ou à la décentralisation du pouvoir . Par ailleurs, on ferme souvent gentiment les yeux face à la marginalisation des minorités. Commencée à 11h0, la conférence a pris fin à 12h50 à la grande satisfaction des élèves et du conférencier.
Landry Kuma-Kuma Mousa Sj